Emission du 17 février 2006 - Cours de chant
Samedi 12 février, 14 H 30….Pour se détendre, certains font du sport, d’autres vont au hammam, d’autres encore jouent aux jeux vidéos, bref chacun a sa manière d’évacuer son stress, de débrancher, comme on dit. Pour moi, la meilleure manière que j’ai trouvé pour me détendre, c’est de chanter, oui, chanter… Rassurez vous, je ne vais pas vous infliger ce supplice, en direct, là maintenant, c’est juste que j’ai très envie de vous emmener avec moi à mon cours de chant, histoire de vous faire partager ce moment… Ne vous inquiétez pas, il n’y a rien de spécial à ramener, juste une bouteille d’eau histoire de soulager votre gorge lorsque ça force un peu… allez, suivez-moi, on est en retard ….
Allez c’est l’heure, et comme toujours, légèrement en retard, je quitte le bureau pour dévaler la rue Didouche direction Artissimo, l’école d’art où je prends mes cours de chant. Ça y est j’y suis, je sonne à l’interphone, on m’ouvre, je grimpe les 3 étages, je suis essoufflé, la porte en fer, toujours aussi laide, s’ouvre, Djamel le prof de chant, est là, fidèle au poste, il me lance un c’est bon, t’es pas en retard reprends ton souffle, oui, chef, bien chef…. Le temps de s’installer, j’en profite quand même pour griller une cigarette et avaler un thé bien chaud, je rejoins la petite salle de musique, une petite chambre, aux jolies moulures et au plafond haut, avec plein de jolis dessins d’enfants accrochés aux murs, enfin jusqu’à la semaine dernière, car ils viennent de les arracher… Je pose mes affaires, Djamel est au piano, je me tiens bien droit en face de lui, attention ça commence…. Bouche fermée, Djamel enchaine les notes, et me demande de chanter, bouche fermée, en faisant résonner le son dans le haut du visage, j’y vais, vous voyez, ça donne un truc comme ça « MMMMMMMM »…..Djamel monte en gamme, je dois suivre, là non, c’est pas bon, il me demande de recommencer, ok je recommence, c’est mieux, il dit, ça monte encore, je répète, là c’est carrément aigu, j’ai l’impression d’être une cigale perdue dans un champ de lavande avec toutes ces vibrations dans mon crâne., le verdict tombe, ok c’est pas mal, ce qui chez Djamel est un grand compliment….. Allez, une rasade de flotte, et c’est reparti cette fois, c’est un truc du genre « Mmmmmmmooooo » en gardant la bouche en cul de poule, tout en essayant de faire résonner le son dans le visage… Au début c’est facile, puis ça monte, ça monte, Djamel me demande de faire plus fort, j’ai l’impression de hurler dans la salle, le son vibre, Djamel me demande de reprendre, la note la plus haute est trop étouffée, je dois la sortir, l’expulser de l’avant, voilà, c’est mieux, la gorge me brûle, je tousse comme un dératé, Djamel ironique me dit, c’est bien, ça évacue… Allez hop, c’est reparti cette fois il faut faire un truc du genre « mia mia mia miaaaaa »….. Non, il faut bien découper les syllabes MIA MIA MIA, voilà c’est mieux, allez on reprend, ah toujours, cette satanée note haute, Djamel la reprend, forte, stridente, c’est mon tour, j’y vais, j’ai l’impression de hurler, mais Djamel me demande continuer, je suis vidé……Mais ce n’est pas tout, on passe au solfège, on corrige l’exercice de la semaine dernière, écrire toutes les gammes majeures, gamme sol majeure, une erreur, gamme la majeure, encore une erreur, mince, les autres gammes sont justes, l’honneur est sauf et là on passe aux tons chantés : une note, puis seconde majeure, puis seconde mineure, puis tierce majeure, puis tierce mineure, Djamel écrit sur le tableau, moi je dois chanter la séquence de notes, non, ce n’est pas bon, mince, il reprend au piano, je répète, ça y est j’ai compris…. Un autre exercice cette fois avec des quartes, une note, il faut trouver le son qui correspond à la quarte, j’y vais, non, pas bon, ah, mince, une autre note, cette fois c’est bon, une autre, oui, c’est ça, je l’ai, je suis tout fier, mais bon, pour le solfège, c’est loin d’être gagné…. On termine la séance par un petit chant, Nobody knows the trouble i’ve seen, j’y vais de bon cœur, on chante à tue tête, le prof hoche la tête, ça veut dire que c’est correct, mais c’est déjà la fin, Djamel se lève du piano, j’embarque mon fatras, je papote quelques minutes avec le prof de danse, très sympa, et je ressors en chantonnant, direction le bureau, le cœur léger, détendu, serein, encore sur mon petit nuage, insensible à la foule grouillante de la rue….. Musique !