Emission du 11 novembre 2005 - retour à la Pointe Pescade, quartier de mon enfance
Mercredi 9 novembre 16 h 00, Plan retour au sources, retour en enfance, très émouvant… J’ai accompagné ma mère et ma tante chez mon oncle qui a été un peu fatigué…. Mon oncle habite l’ancienne maison e mes grands parents à la pointe pescade, maison où j’ai passé une bonne partie de mon enfance. Les aléas de la vie étant ce qu’ils sont, cela faisait plus de 20 ans que je n’atas plus retourné sur les lieux de mon enfance, et pour la circonstance, j’ai refait le trajat familial habituel, celui que je faisais tous les samedis avec mes parents pour aller rendre viste à mes grands parents…..
La maman devant, la tata derrière, nous voilà parti direction pointe pescade, esplanade de la grande poste, route moutonnière, on longe le port des voyageurs, puis la pêcherie, l’amirauté, le bastion 23 puis arrivée à bab el Oued… le temps est gris, il pleut, la lumière est déclinante et la mer fait un superbe camaieux de gris, en harmonie avec le ciel et dans cette lumière particulière, la batiments, les maisons, les rochers se dégagent avec une impressionnante précision…. Padovani, les esplanades sont vides, les derniers pêcheurs rentrent chez eux avec leur cann et leur petit panier, on longe la corniche de Saint Eugène, Bologhine, ma mère me montre la maison hantée, une maison blanche avec deux tours, qui a l’air abandonnée, l’ex école des beaux arts, cette somptueuse demeure abandonnée construite sur un rocher, on devine les somptueuses maisons au style néomauresques, les gentilhomières aux murs de pierres aujourd’hui délavrées, les cabanons aux toits de tuiles et au nom évocateurs, l’abri côtier, villa ninette, entre ces maisons, de nouvelles constructions, rendent le paysage totalement décadent, mais au charme incroyable sous cette incroyable lumière grise… On rentre à la pointe pescade, le casino de la corniche, tristement célèbre, aujourd’hui transformé en commissariat, la cimenterie qui défigure le paysage, avec juste à côté, le fort turc, toujours squatté, toujours ce mélange de nouvelles constructions, souvent hideuses, et ces luxueuses villas, à l’architecture étonnante, dont certaines sont incroyablement bien conservées…. La plage de franco sur la gauche avec ses rochers en pain de sucre, la maman égrenne les souvenirs de baignade, un vent de nostalgie baigne dans la voiture, c’est le cas de le dire….Joli réflexe, ma mère me propose de bifurquer vers la droite pour rejoindre la rue des pirates, la rue où habitaient mes grands parents et aujourd’hui mon oncle et mon cousin… en bifurquant, je remarque un restaurant de poisson comme je les aime, en me promettant d’y retourner, mais en bifurquant, je rate la patisserie et le coiffeur où m’emmenanit mon père pour me couper le cheveux, contre une tablette de chocolat car je ne supportais pas d’aller chez le heffef…..Je retruve très facilement mon chemin, comme par instinct, ça y est on est rue des pirates, et là, premier constat, la rue est minuscule, alors que dans mon esprit d’enfants, la rue était immense, longue et large, comme un grand boulevard…. Je reconnais la maison, elle a changé, les murs sont hauts, en crépis gris, ils étaient bas, de couleur jaune, avec une haie de fleurs violettes en forme de clochettes….. En face, j’aperçois les fenêtres de la maison de ma grande tante, celles d’où j’observais la rue, en tuant les mouches perdues dans les rideaux blancs….. On sonne, mon cousin germain ouvre, il n’a pas changé, juste les cheveux grisonnants, il me présente sa famille, ses enfants, son épouse, je me retrouve dans l’ancienne cuisine de ma grand-mère, ceklle que je trouvais immense, avec la fenêtre de séparation avec le hall, d’où l’on pouvait guetter l’extérieur, l’immense salon est une petite pièce, tout a rétréci, je rentre dans le garage, je monte l’escalier en colimaçon qui n’ a pas changé, me voici chez mon oncle, les retrouvailles sont émouvantes, on verse tous une petite larme…..Mon cousin me parle de Pointe pescade, du fort turc, de l’école primaire où ont enseigné mes parents, de la villa Tipou où je suis né, sous le regard bienveillant des portraits de mon grand père et de ma grand-mère…. L’odeur, l’odeur, elle n’a pas changé, l’odeur de mon enfance, l’odeur de cette maison, l’odeur acre du garage, l’odeur de l’escalier en colimaçon, la chaleur des pièces, tout a changé, tout a rétréci dans mon esprit d’adulte, mais l’odeur de mon enfance, elle n’a pas changé….. Et c’est ému, bouleversé, que nous avons quitté la pointe, mon oncle, ma tante, mon cousin, mes petits cousins beaux comme des cœurs, en se disant que la vie est trop courte, beaucoup trop courte, en nous promettant de nous revoir plus souvent… Et cette nuit là, j’ai revu la grande rue des pirates, immense, la crique, la maison de Salima qu’on traversait pour aller se baigner, et surtout, surtout, cette inimitable odeur de mon enfance à jamais gravée, comme une empreinte indélébile…..