Ah l’art contemporain… New York, Berlin, francfort, Venise, Paris, la biennale, la FIAC … Mais non, mais non, vous n’y êtes pas du tout, mais alors pas du tout. L’art contemporain, ça se passe à Alger, oui, oui, Alger…. Figurez vous qu’en une semaine, j’ai eu droit à deux installations d’artistes algérien, en compagnie de la fine fleur artistique algéroise… J’ai pas tout compris, mais j’ai fait semblant de comprendre, et ça, en art contemporain, c’est tout simplement l’essentiel…. Ayya tebhouni dans la sphère du conceptuel et de l’installation…..
Mercredi 7 décembre 15 h 30, je sors de la radio, et j’embarque au passage Ammar Bouras, un peintre plasticien à découvrir absolument pour ceux qui ne connaissent, ce qu’il fait est tout simplement génial, mais là n’est pas le propos… Il me propose, Ammar Bouras d’aller au bastion 23 au vernissage d’une artiste algérienne, Amina Menia, qui présente une installation baptisée extra-muros, qu’à cela ne tienne car comme dit Chouchou le bien nommé, « j’aaaaadore l’art contempouraine »… pour les profane, une installation est un mode d’expression qui consiste à sortir de la traditionnelle toile de peintre pour occuper un espace en trois dimension et exprimer son art, l’installation peut mêler la sculpture, la vodéo, la peinture, bref ce que vous voulez, pourvu que vous puissiez exprimer quelque chose, de préf érence d’une manière symbolique ou détournée…. Nous nous dirigeons donc au bastion 23 par le haut, la haute casbah, et la longue descente vers Bab El Oued, Rampe vallée, jusqu’au bastion 23….. On a de la chance, je trouve une place juste devant les grille, on descend, il y a une autre expo dans l’une des demeures du bastion, mais ça c’est pour plus tard… On arrive donc sur l’une des placettes à ciel ouvert du bastion, une grande table, des petits fours, de la gazouz, des hommes, des femmes, un pompier, la jolie Amina Menia en pleine conversation, tout sourire, je croise ma copine galeriste du Calvaire, mais où est donc l’installation ? … Là, me dit la galeriste, là, Samir, juste en face de toi, sur le mur…. Ok, je me retourne et je vois un échafaudage en métal posé sur le mur, oui, un échafaudage comme ceux que posent vos peintres chez vous pour refaire la façade de votre maison, oui, OK, et le reste ? La Galeriste me dit, ben c’est ça, l’installation…. Oui, Ok, OK, un échafaudage, ah mais oui, je viens de comprendre, extra muros, oui, c’est extra, super extra….. Je prends la brochure distribuée lors du vernissage, l’artiste explique qu’elle souhaite « cristalliser un moment, déranger l’historique de ce lieu chargé » - glups – pour ajouter plus loin « voici que l’échafaudage, devenu longtemps un élément du décor de nos villes est tout à coup un lieu d’évocation, de dialogue avec l’œuvre d’art architecturale »- double glups -…..Tout ça me donne un peu mal à la tête, et c’est un sifflant un petit thé, deux ou trois petits fours, et un verre de fanta que je me remets lentement de cette prose conceptuelle…. Mais du coup, moi aussi, j’ai une fébrile envie d’installation, j’imagine par exemple, comme Cristo, d’emballer le bastion 23 avec une fouta kabyle géante, pour montrer l’enchevêtrement ethnique et culturel de l’Algérie, terre de confluence et voie de passage des civilisations, source de tensions et de recherches identitaires, oui, c’est bon, je le tiens, là, le concept…. Je pourrais aussi peindre les canons du bastion 23 en rose, pour détourner les instruments de guerre en œuvre de paix et d’innocence pour exprimer une pause dans les tumultes géopolitiques de la planète…. Ouais, c’est cool, ça y est, je pense que je vais me reconvertir en artiste plasticien conceptuel… Mais c’est pas tout, ma copine galeriste me réveille de ma rêverie conceptuelle et me propose d’aller voir l’autre expo…Une installation au rez-de-chaussée, composée d’un épouvantail blanc ou un truc de ce genre, avec au ciel des oiseaux ressemblant à des colombes fabriquées avec du grillage et de la ferraille rouillée, ouais, pourquoi pas, et dans les étages de la superbe maison mauresque, des toiles, là c’est déjà plus classique, dont certaines plutôt sympa, mais bon, au niveau du concept, ça ne vaut pas l’échafaudage de notre copine Amina… En sortant du bastion 23, que j’imagine bien sûr couvert de la fameuse fouta kabyle avec sa rangée de canons roses bombon, j’ai encore eu une autre idée, oui, une idée géniale ….faire une heure d’émission la semaine prochaine, sans parole, sans musique, juste une heure de silence pour exprimer le côté vain de l’existence, l’inutilité des mots, la vacuité des media qui dans le flot de paroles insensées oublient l’essentiel, le silence… zavez- vous, je speake bien l’art contemporain, essayez vous aussi , c’est très drôle….