Emission du 9 septembre 2005 - L'aéroport d'Alger
Les vacances sont terminées. Il y a ceux qui les ont passées ici, comme moi, à ne rien faire ou à se baigner, ou que sais-je encore, d’autres qui sont venus en vacances en Algérie, au Bled, et là, les blogs de nos amis de lhih vont faire le plein d’images et de souvenirs, et puis, il y a ceux qui sont partis, à l’étranger, passer leur vacances lhih. Destination phare, Tounes ecchakika. C’est le cas de mon cousin, de sa femme, et de leur deux enfants qui se sont tapés trois semaines dans un hotel club à Hammamet, tous frais payés. Je reçois donc un coup de fil du fameux cousin, qui après moult circonvolutions, me demande d’aller le récupérer à l’aéroport avec toute sa petite famille…. Le gentil garçon que je suis accepte et me voilà parti au matar Houari Bouemdiene, armé de patience, persuadé qu’une longue, une très longue attente va commencer…..
Route moutonnière, pont d’El Harrach, avec cette odeur caractéristique qui vous assaillit les narines, odeur imprégnée dans les gènes de tout algérois qui se respecte : oued el harrach…..J’ai lu au passage sur le journal qu’il allait être dépollué. Je suis sûr que malgré la dépollution, cette odeur continuera à m’envahir, comme un des sentiments premiers, à chaque fois que je passerai sur ce pont… Sur ma gauche, les bateaux attendent paresseux, d’entrer dans le port. Des tours de bureaux, l’immense barre formant l’impressionnant immeuble à l’entrée d’El harrach, Dar El Beida et les grandes cités construites par nos amis chinois, et enfin, bouchon…. Le barrage de police à l’entrée de l’aéroport… Long, très long bouchon. Je peux en attendant contempler le nouvel aéroport encore en travaux, l’autopont en construction, et mes voisins d’embouteillage…. Tout ceci m’occupe, deuxième file d’attente devant le parking. Les conducteurs descendent, ouvrent leur malle, ouvrent leur capot et je me dis comme d’habitude, que j’ai pris la file d’attente la plus longue…. Ça y est c’est mon tour, j’ouvre le capot, je descend, j’ouvre la malle, le monsieur me dit c’est bon je remonte, je paie les 50 dinars de rigueur, fier de moi car j’ai préparé la pièce avant afin de ne pas faire attendre les autres et j’entre dans le parking…..Je met 10 minutes avant de trouver une place, je me gare à côté d’une camionnette où une famille semble faire du camping. Il y a des matelas dans la camionette, des enfants jouent autour, et la maman est devant, avec le papa…. Je traverse le parking, jonché de détritus en tous genre, les voitures sont garées dans tous les sens, c’est noir de monde, des véhicules klaxonnent pendant qu’un véhicule se décharge de ses occupants et de la tonne de bagages amoncelés dans la malle du break….. J’arrive au jet d’eau, des gens dorment sur les pelouses, un type me dit, theb devises, euro ouella dollar, je décline l’offre poliment, un gars me dit thebb taxi, je lui explique que je viens d’arriver, et je me colle à la foule compacte, sous la tente blanche où l’on attend les passagers…. Il fait une chaleur épouvantable, la tente retient toutes les odeurs corporelles de la foule, ça fleure bon les heures d’attentes sous un soleil de plomb….. Les gens, les familles sont aglutinées, j’entends des youyous, et les flics qui disent ayya ouekhrou chouiyya… je demande autour de moi, tiyyara teh tounes, on me dit que mezel elle a du retard… Pas de café, juste un distributeur de boissons qui ne fonctionne pas, des cabines téléphoniques ne fonctionnent pas, il fait chaud, l’odeur est épouvantable, il n’y a plus qu’à attendre, debout, stoique, l’arrivée du cousin, que je n’ai jamais autant détesté que ce jour là…..
Les passagers débarquent au compte goutte, un jeune homme tiré à quatre épingle portant des habits flambant neufs se jette dans les bras de sa vieille maman, ils pleurent tous les deux, le vieux habillé en djellaba blanche pleure aussi, le reste de la famille aussi, j’ai presque envie de pleurer moi aussi, mais pas vraiment pour les mêmes raisons……Et le temps passe, comme un supplice, j’essaie de me frayer un passage pour entrer dans le hall des départs mais le policier me demande mon billet…. J’invente un prétexte, genre j’ai rendez-vous à l’intérieur mais ça ne marche pas le policier ne veut rien savoir…. Je m’énerve, il s’énerve, il me remballe, je repars en pestant contre lui…Le temps passe, comme un supplice, je me remplis d’images mentales genre un fjord en Norvège ou mon fameux rêve d’Ecosse au milieu des lichens, je suis déshydraté, je sens le fennec, je hais mon cousin, je hais les vacances, je hais cet aéroport, j’imagine le nouveau, climatisé, avec de vraies salles, des cafés, des boutiques, une odeur de jasmin….. Et en parlant de jasmin, je vois mon cousin, entouré de toute sa petite famille, bronzé dans son charhi, le chariot bourré de bagages…. On s’embrasse, il me remercie et me demande si je suis là depuis longtemps…. Poliment, je lui dit, non, ça fait 5 minutes, on se tape le parking, on sort la voiture, la petite famille dans la camionnette est toujours là, le supplice est terminé et mon cousin me dit « l’aéroport tee tounes chel chbeb », j’ai failli envoyer la voiture dans le ravin, mais heureusement, plus de peur que de mal…. Welcome in Algeria…..